jeudi 22 mars 2012




"Elle est belle. Elle est riche. Elle s'habille Dolce & Gabbana.  
Elle connait le coeur des hommes. Et elle en profite .
C'était le rail de trop."

vendredi 9 mars 2012



Mon projet pour le concours d'art "Droit à disposer de son corps" sur le thème du dépistage et de la prévention des Infections Sexuellement Transmissibles ! C'était short, mais j'ai réussi, et j'aime pas trop mal le résultat :) 


On verra si j'arrive à avoir un prix, en tout cas j'ai réussi à aller jusqu'au bout ! J'ai écrit un texte pour expliquer mon "oeuvre" et ma démarche, je vous le donne donc (pour ceux qui ont le courage de le lire).


EDIT : Bon ben j'ai malheureusement pas gagné, je suis pas assez contemporain o/ Mais je persévérerai !

THEMATIQUE ET ŒUVRE D’ART

Tout d’abord, je tenais à souligner la complexité de la tâche qui nous a été confiée avec ce concours : à travers des « œuvres d’art », créer un outil pédagogique afin de toucher directement le public  visé par ses œuvres : les étudiants.
A partir de là, plusieurs questions se posent :
-          Quel est l’objectif recherché, quelle est la population ciblée et dans quel contexte se situe l’œuvre ?
-          Comment réussir à véhiculer un message (protection et dépistage des IST) sans retirer l’aspect artistique de l’œuvre et ne pas obtenir qu’un simple outil pédagogique ?
-          Quels sont les enjeux d’une campagne de prévention et de dépistage aujourd’hui ?
-          Quels moyens artistiques utiliser pour toucher au mieux la plus grande partie du public visé ?


MISE EN CONTEXTE ET HAUSSE DES RAPPORTS A RISQUE CHEZ LES JEUNES

Historiquement, l’héritage religieux judéo-chrétien de la France reste indéniable, même s’il n’est pas apparent il demeure présent,  et fait de nous un pays relativement conservateur ; c’est pourquoi l’on peut dire que la France s’inscrit, dans sa relation à l’humain, dans une tradition culpabilisatrice par rapport à la sexualité, même si les mentalités ont évolué. 

Au cours des dernières années, les aides consacrées aux associations, notamment dans le cadre de la santé, ont été grandement diminuées, ce qui réduit la présence autrefois plus importante des associations de lutte et de prévention des Infections Sexuellement Transmissibles, et amoindri l’impact des campagnes de prévention. De plus, le désengagement progressif de l’Etat dans le domaine de la santé n’est pas passé inaperçu et révèle aujourd’hui de nombreuses carences dans le système de santé français qui voit sa mission toujours plus difficile à réaliser, car le public n’est parfois pas en contact avec des professionnels de santé, et implique ainsi une démarche qui est personnelle et réfléchie, peut-être moins spontanée qu’auparavant.

Ce qui en résulte : « Selon une étude rendue publique le 28/09/11 à l’occasion de la journée mondiale de la contraception, entre 2009 et 2011, le nombre de jeunes de 15 à 24 ans ayant eu des rapports sexuels sans mode de contraception s’est accru de 111 % en France, contre 39 % aux Etats-Unis et 19 % en Grande-Bretagne. » (Source : Mutualité Auvergne).


LE PUBLIC ETUDIANT : A LA FOIS PEU RECEPTIF ET UN ENJEU MAJEUR

Grâce aux nombreuses compagnes de prévention réalisées au cours des années 2000, via la plupart des médias, on peut pourtant dire que les jeunes sont relativement bien informés quant aux IST, vues dans le cadre scolaire, à la télévision, chez les professionnels de santé, dans des manifestations de grande ampleur comme le Sidaction, ou encore sur internet. On peut même dire que ces campagnes avaient une efficacité certaine.

Le problème se situe donc au niveau de la politique gouvernementale actuelle, qui en temps de crise, n’a que renforcé le mal-être étudiant en faisant appel à une part du financement personnel concernant les études toujours plus conséquente. En découlent beaucoup de stress, d’angoisse, un manque de confiance en soi, une perte de confiance en la société accentués par la mobilité des cerveaux et la compétition, rude universitairement parlant, mais aussi pour trouver un emploi à la fin de leurs études.

Dans ce contexte, les conditions de vie des étudiants  n’ont fait que se dégrader avec un budget toujours plus serré (selon une enquête réalisée par la LMDE intitulée "La santé des Étudiants 2005-2006" (qui a donc déjà 6 ans), 54 % des étudiants se déclarent angoissés, et 15 % avouent avoir eu des idées suicidaires ces douze derniers mois). On peut ainsi aisément comprendre que la santé n’est pas un enjeu prioritaire pour les étudiants, elle est devenue quelque chose dont on s’occupera quand « on en aura les moyens » ou « autre chose à penser ».

Les principales préoccupations sont donc financières (afin de permettre la poursuite des études, beaucoup travaillent en plus de leurs études), mais concernent aussi le logement et l’alimentation, détériorant les conditions d’études et la réussite universitaire, mais aussi la santé qui devient un luxe, sans forcément de relation médecin/patient existante.

Il est de plus aisément constatable que le prix des préservatifs reste relativement élevé pour ce public au budget très réduit, qui les achètera davantage dans un supermarché qu’en pharmacie (la sexualité, même si moins taboue, reste un sujet délicat, et l’achat de préservatifs reste un acte honteux, ou qui provoque du moins une gêne conséquente). Ainsi, on peut estimer autour de 50 centimes le prix moyen d’un préservatif, en prenant un modèle plutôt basique (taille standard, lisse et sans parfum, sinon le prix est souvent supérieur), ce qui reste conséquent dans une époque et à un âge où la sexualité est la plus active et omniprésente.

Ainsi, le phénomène d’alcoolisme chez les étudiants prend un autre sens : selon la même enquête de la LMDE, 23% des étudiants consomment de l'alcool au moins une à deux fois par semaine. Sachant que l’état d’ébriété est un facteur favorisant pour les rapports à risque, et qu’un étudiant est censé « faire la fête, beaucoup de sorties », on peut facilement imaginer que le nombre de rapports sexuels sans protection soit élevé, déjà que le climat socio-économique le pousse facilement dans ses retranchements.

Certes. Mais qui dit rapport à risque dit dépistage, et l’étudiant ayant assez de problèmes en dehors, repoussera cette échéance s’il le peut, car la culpabilité et la peur l’envahissent. Aller voir son médecin traitant ? Pas évident, déjà que payant, s’il s’agit du médecin de famille, la peur de s’assumer est grande. De plus, il est fréquent qu’un étudiant soit toujours rattaché à la mutuelle complémentaire de ses parents, qui toucheront une partie du remboursement des analyses et  poseront des questions. Aller dans un centre de dépistage anonyme et gratuit ?  Il faudra se justifier de son comportement à risque durant l’entretien, et au lieu de se sentir accompagné, en plus de la peur d’être contaminé, la peur d’être jugé sera très importante et une réelle appréhension pour un public déjà amoindri psychologiquement.

Cependant, il est à noter que l’enjeu devient collectif : déjà que de nombreuses IST sont soignables, ou que des vaccins existent, le traitement du VIH empêche sa transmission par voie sexuelle. Un traitement de toutes les personnes dans le monde infectées par le VIH empêcherait donc sa propagation et provoquerait sa disparition ! L'implication du jeune public dans la prévention et le dépistage des IST semble donc à l'heure actuelle plus importante que jamais.


MA DEMARCHE

La peur et la solution collective : ce sont donc ces deux axes qui m’ont guidé durant la réalisation de mon projet. J’ai voulu reprendre la thématique des affiches de propagande communiste, qui m’ont toujours parues expressives, afin de traduire ce sentiment : l’individu se sent abandonné face à son sort et à ses angoisses, laissé en pâture à un terrible monstre qui reste invisible à l’œil nu. Cependant, c’est collectivement que de réelles évolutions peuvent se faire. 

L’apparition explicite d’un message préventif classique ou d’une allusion directe aux IST me paraissait impossible afin de garder cet aspect propagande et ne pas transformer ma création en simple outil pédagogique. A travers un format d’affiche plus conséquent (format A0 ou A1), j’espèrerais  provoquer une un sentiment d’oppression, sans échappatoire possible ; que le spectateur soit interpelé, amené à se poser des questions, car se poser des questions restera toujours un pas en avant, et qu’il sache que cette peur est universelle et que seul lui peut l’affronter et prendre les devants.

Car non, peu de jeunes  peuvent répondre « oui » à la question « Suis-je sûr, à 100%, de n’avoir aucun IST ? », le risque étant pris dès la fellation. L’individualisme maladif développé au cours du dernier siècle et cette peur font que la confiance en son partenaire, notamment occasionnel, ne sera jamais complète. Et même dans une relation amoureuse « épanouie », la fiabilité de son partenaire ne sera pas de 100%, il s’agira simplement d’un rapport de confiance.

Ces axes qui me semblent majeurs à l’heure actuelle ne sont pas assez voire pas mis en avant, et je voulais aussi rendre compte à travers ce texte d’une problématique qui ne peut pas se résoudre via une simple affiche, car les moyens qui lui sont alloués sont insuffisants (même s’ils le seront toujours pour une telle cause) et souligner que l’approche des interlocuteurs de santé (médecin, centre de dépistage) ne sont pas toujours celles qui apportent le plus de mise en confiance et de réconfort aux étudiants, déjà en situation de détresse.

J’espère ainsi , à travers ma création et ce texte, réussir à toucher le public étudiant, afin de le provoquer et le rendre acteur d’un acte à la fois personnel et collectif, de montrer un ressenti qui me parait être le sien, mais aussi les acteurs de la santé afin qu’ils prennent en compte non seulement la santé physique, mais aussi la santé psychologique des étudiants auxquels ils sont confrontés, et toujours s’intéresser à ces deux aspects systématiquement lorsqu’ils ont affaire à un jeune, et faire régulièrement le point avec lui, s’ils le peuvent (notamment pour le cas du médecin traitant), sur sa santé sexuelle.